
L'histoire du Domaine
Mille ans d'Histoire à Baronville.
Le nom de la terre de Baronville remonte au Bas Empire romain. C'est à cette époque que l'endroit fut appelé Baronis villa, domaine du baron, titre alors porté par les "hommes forts" chargés de la protection des marches de l'Empire Romain.
Le fief de Baronville, seigneurie, châtellenie, puis comté, dépendait de la baronnie d'Auneau puis, plus tard, du Duché de Chartres.
Le château fut, au Moyen-Âge, un manoir fortifié dont il reste une partie importante des douves, des fondations et des caves. La tradition locale raconte que la Pucelle d'Orléans, sainte Jeanne d'Arc, aurait délivré Baronville et le pays environnant de l'occupation anglaise durant la Guerre de Cent Ans.

Entre 1620 et 1623, un château Louis XIII fut construit sur le même emplacement par Claude de Montescot et son fils Jacques, également bâtisseurs de l'hôtel de Montescot, actuel Hôtel de ville de Chartres.
Le domaine passa ensuite dans la famille de Lattaignant, célèbre notamment grâce à l'Abbé Gabriel-Charles de Lattaignant, compositeur de la chanson "J’ai du bon tabac dans ma tabatière".
En 1783, la maison d'Aligre fait l'acquisition de Baronville. Cette lignée originaire de Chartres avait déjà donné à la France deux chanceliers et gardes des Sceaux : Etienne Ier d'Aligre, chancelier de 1624 à 1635, et Etienne II d'Aligre, chancelier de 1674 à 1677.

Étienne François, Marquis d'Aligre et Comte de Marans consacra une partie importante de sa fortune à restaurer le Château et à reconstituer les anciens jardins. Le Marquis d'Aligre était Premier Président du parlement de Paris et eut la lourde charge de juger la fameuse "Affaire du Collier". Il laissa le souvenir d'un homme intègre et éclairé dans les débats qui précédèrent la Révolution. Il mourut en émigration à Brunswick.
Ses relations avec les fermiers et habitants de ses seigneuries étaient harmonieuses. Si bien que, lorsque le gouvernement révolutionnaire mit en vente les biens des émigrés en tant que "biens nationaux", les fermiers acquirent ensemble les terres au nom du jeune Etienne V d'Aligre. À son retour d'exil, ce dernier les remercia généreusement.
Étienne V Jean François Charles, Marquis d'Aligre, Pair de France, marqua son temps par les démarches qu'il fit pour améliorer le sort de la population durement éprouvée par les troubles révolutionnaires et les guerres napoléoniennes. Il fonda à ses frais l'Asile d'Aligre à Lèves, près de Chartres, comptant 300 lits (aujourd'hui Fondation d'Aligre & Marie-Thérèse), et créa plusieurs écoles. Il est aussi à l'origine de l'hôpital d'Aligre, à Bourbon-Lancy, et bien d'autres oeuvres similaires.
Sa fille épousa le Marquis de Pomereu, maison originaire de Normandie. Les biens de la famille d'Aligre, ainsi que ses noms et titres, furent transmis à la maison de Pomereu par ordonnance royale du 21 décembre 1825.
Armand, Marquis de Pomereu d'Aligre fait raser ce second château et charge l'architecte Léon de Sanges (restaurateur de Bagatelle) de réaliser le château actuel, terminé en 1868. Conçu pour les réceptions, les premiers à l'utiliser seront les soldats Prussiens, en 1870.
Durant la guerre de 1914-1918, la Vicomtesse de Pomereu d'Aligre, née Catherine de Clermont-Tonnerre, accueille un hôpital militaire, pendant que son mari, le Vicomte Gaston, âgé de 53 ans en 1914, est engagé volontaire pour le front.


En juillet 1940, le général Allemand Friedrich Wilhelm Ernst Paulus (futur Feld-Maréchal qui capitulera à la tête de la VIème Armée à Stalingrad en 1943) y établit son quartier général. En 1941, c'est le tour de l'Etat-Major de la ligne téléphonique Berlin-Brest qu'Adolf Hitler fait construire pour entrer en liaison directe avec les cuirassés "Scharnhorst" et "Gneisenau".
En 1944, la Comtesse Claude de Rougé, née Louise de Pomereu d'Aligre, héberge dans le château les enfants de l'orphelinat Saint-Chéron de Chartres, pour les protéger des bombardements alliés.
Le 6 juin 1944, la Luftwaffe réquisitionne le domaine pour créer dans un champ une piste de décollage de 35 Messerschmidt 109 qui s'envolent pour la Bataille de Normandie. Le château est alors utilisé par les pilotes et officiers d'Etat-Major.
En août 1944, l'armée américaine stationne sur le domaine.
Baronville semble alors pendant quelques années voué aux intempéries et destructions de la guerre et du temps...
À son retour de la Guerre d'Algérie, en 1961, le Comte Bertrand de Rougé commence à organiser des réparations extérieures. À partir de 1975, son épouse, née Comtesse Marie de Maigret, conçoit et réalise elle-même les restaurations intérieures. En 1980, ils décident d'ouvrir les salons du Château de Baronville à la location pour y fêter des mariages, y organiser des séminaires, lancements de produits, des tournages et autres évènements.
Le domaine appartient aujourd'hui à leur fils le Comte Aymeric de Rougé, qui, avec passion, continue inlassablement la restauration et l'entretien de ce patrimoine historique et familial.

De nombreuses personnalités françaises et internationales viennent ou reviennent régulièrement à Baronville, appréciant la beauté de l'édifice, des salons et des jardins, ainsi que l'atmosphère agréable d'une demeure de famille.
Le château est un Monument Historique (ISMH). De style Louis XIII pour l'extérieur, les salons ont l'élégance du style Louis XVI, tandis que la Galerie de marbre et l'Etoile rappellent l'Italie classique.
Le vaste parc du Château est conçu sur un modèle dont on trouve les lignes principales dès le XVIIème siècle, lors de la construction du château de 1623, dessin qui sera adapté au XIXème siècle avec le nouvel édifice.

Marie de Luppé (1834-1908),
marquise de Pomereu d'Aligre,
en costume de bal,
par Charles Jalabert.